Muanda : vers une gouvernance plus démocratique des ressources naturelles
Le Centre Carter, le CENADEP et le CREFDL ont clôturé, le samedi 5 juillet à l’hôtel Gloria 2 de Muanda, un atelier de consultation et d’identification des parties prenantes. Cette rencontre s’inscrit dans le cadre d’un projet ambitieux visant à poser les fondations d’une gouvernance plus inclusive et transparente du secteur extractif en République Démocratique du Congo.
Justin Mobomi, facilitateur de l’atelier et chargé du suivi des politiques au CENADEP, a salué l’accueil favorable réservé à ce projet dans la province du Kongo Central. Il a toutefois souligné l’urgence de renforcer les capacités des acteurs locaux, afin de garantir une véritable implication des communautés. À Muanda notamment, où les frustrations persistent face à l’absence d’effets concrets des revenus pétroliers sur la vie des habitants, l’attente est grande.
Selon lui, la seconde phase du projet consistera à identifier les organisations locales les plus dynamiques, qui recevront des subventions pour appuyer les communautés dans le suivi des projets de développement.
« Au-delà du simple diagnostic, l’heure est à l’action. Les communautés de base doivent être placées au centre des décisions qui les concernent », insiste Justin Mobomi.
Dans un secteur longtemps marqué par l’opacité, la centralisation des décisions et la faible redistribution des ressources, la société civile s’organise pour faire entendre sa voix. À travers des interventions franches et argumentées, les participants à l’atelier ont exprimé leurs attentes, mais aussi proposé des solutions concrètes :
Flavien Futi, du CCPN, plaide pour une gouvernance pétrolière plus transparente et participative. Il critique un cadre juridique obsolète, hérité de 1966, et appelle à sa réforme pour permettre aux recettes issues du pétrole de bénéficier directement aux territoires producteurs.
Pour Thérèse Mususmadi, de la CADFP, la gestion des fonds pétroliers manque de clarté. Elle appelle à une mobilisation collective, en incluant activement les jeunes et les femmes, pour défendre les droits du territoire de Muanda face aux abus liés à l’exploitation des ressources.
Alphonse Khonde, du CAADD, dénonce quant à lui l’écart criant entre les textes de loi et leur application sur le terrain. Il voit dans ce projet une occasion de responsabiliser les pouvoirs publics, les entreprises extractives, mais aussi la société civile dans le contrôle citoyen du secteur.
Avec cette initiative portée par des acteurs nationaux et locaux, une nouvelle dynamique semble s’enclencher. Mais entre les ambitions affichées et les réalités du terrain, les défis à relever restent nombreux. Une chose est certaine : les communautés locales ne veulent plus être spectatrices, mais actrices de la gouvernance de leurs ressources.
Raphaël Ngoma

